Méfiez vous des catastrophes

Déjà six mois que ça dure. C’est lent, rampant et ça a l’allure d’un scénario raté. Pire qu’un film catastrophe de série B. Ça manque d’action, de flammes et de zombies. Qu’il se passe vraiment quelque chose bordel ! Rien. Six mois que le virus est présent, et on a appris à vivre avec. Déjà.

Au début, on misait sur un futur à la Orwell, que plus rien ne serait comme avant, qu’après le confinement on se réveillerait dans un monde différent. Ben on s’est planté. Parce qu’au bout de quelques mois, les choses se sont détendues. Ça s’est dégonflé comme ça. En tout cas ça avait l’air moins grave. Gérable.

Bon c’est sûr on a tous un masque. Mais c’est pas plus mal : ça protège du virus et ça rend l’air de Paris presque respirable. L’autre inconvénient, c’est qu’on doit faire des prises de sang régulières pour tester la quantité d’anticorps. Mais bon, c’est ça ou rester confiné chez soi. Moi, je préfère sortir.

Bien évidemment il y a encore des malades et des morts. Mais pas tant que ça finalement. La restructuration des hôpitaux a permis d’augmenter le nombre de lits, et les Ehpad vidés ont été reconvertis en maison de soin. Ça c’est sûr que ça a été l’hécatombe là dedans. Mais avec du recul, c’était un mal pour un bien : le gouvernement à retiré sa réforme, et a même abaissé l’age légal de départ à la retraite.

Même l’économie n’a pas tellement morflé. La machine s’est remise en route à coups de milliards. On avait peur pour nos boulots, que l’austérité règne. Mais il n’en a rien été. L’état à même distribué un revenu de base. Quasiment inutile, car c’est le plein emploi aujourd’hui.

Tout remarche, avec quelques modifications. Tous les lieux publics, les supermarché, les salles de sports fonctionnent, à condition de respecter la distance d’un mètre cinquante entre chaque corps. Au restaurant, il y a des chaises vides entre chaque client. A la plage, les distances de sécurité sont imposées pour le bronzage. On se salue en agitant la main en l’air, les recettes pour fabriquer du gel hydro alcoolique maison circulent. Tout est un peu plus distant aujourd’hui, mais on s’y fait finalement. Là où il faut pas se planter, c’est quand on fait la liste des dix personnes que l’on a le droit de continuer à voir pendant l’année. C’est des habitudes à prendre, c’est tout.

Méfiez vous des catastrophes, elles n’arrivent jamais.

Pauline Reclus