Quand ils ont back tracké…

Quand le virus est apparu, je m’en foutais : c’était en Chine.
Quand il s’est répandu un peu partout dans le monde, je me suis claquemurée : pas de ça chez nous.
Quand ceux qui bossaient à Paris sont rentrés, j’ai hurlé au scandale : qu’ils gardent leurs saloperies de virus pour eux !
Quand ils ont envoyé l’Armée dans les quartiers, j’ai applaudi : il faut les faire rentrer dans leur trou, ces mal disciplinés.
Quand ils ont imposé le back tracking, j’étais pour : quand on n’a rien à se reprocher, on n’a pas de raison de s’en inquiéter.
Quand ils ont enfermé tous les malades, j’ai respiré : avec mon masque et mon appli, j’étais protégée.
Quand ils sont venus chercher tous ceux des groupes A et B, j’ai fermé mon smartphone et j’ai commencé à flipper mais il était trop tard. On frappait à la porte.

Isabelle Simon